Hommage à Bernard Birsinger

Publié le par Jérémy URF-URC

Mes chers amis, mes chers camarades,

Votre présence ce soir dit toute l'amitié, tout le respect qui entourait Bernard.

Bernard était vendredi au pays Basque pour les cinquièmes éditions des « assises locales pour le logement » ; il y participait pour la troisième fois. Son intervention, nourrie des colères et espoirs des femmes et hommes privés d'un habitat digne, riche de son action et de propositions précises, ambitieuse pour assurer à chacun, chacune, le droit au logement, fut très appréciée par tous les participants, dans leur diversité.

Bernard comptait dans ce combat. Il était un militant du logement.

Ce fut là, dans l'action, quelques instants plus tard, qu'il fut foudroyé.

Nous pleurons Bernard.

Il est des injustices encore plus insupportables que d’autres.

Abattement, tristesse se conjuguent avec révolte et volonté de donner à voir, de donner suite, dans l'urgence, à tous ses combats. Oui, je crois que ce sont ces sentiments qui nous ont envahis vendredi soir, lorsque nous avons appris sa disparition.

J’aimerais ici dire, et je leur dirai mercredi, à Marie, sa compagne, à ses enfants, Adrien et Vincent, toute mon affectation, toute l'affection des camarades.

Mercredi, nous accompagnerons Bernard, avec les élus, les camarades, la population de Bobigny, avec des hommes et des femmes venus en nombre, pour le saluer.

Oui, ils et elles seront là nombreux, divers, car Bernard, trop tôt parti, a rayonné en se plaçant toujours au service du peuple, de la population de sa ville. Oui, ils et elles seront nombreux car Bernard dans chaque acte produisait du commun.

Lundi dernier, Bernard était dans ces lieux. Maire, président de l'ANECR, il assumait pleinement ses responsabilités à la direction du Parti. Lundi dernier, il nous parlait de la prochaine initiative qu'il allait lancer avec d'autres élus et militants à la fête de l'Humanité : « le bus pour le logement ». Déjà, il nous mobilisait en Seine-Saint-Denis pour les deuxièmes mardis du logement et du droit à l'habitat, le 5 septembre, devant la préfecture _ il avait prévenu le préfet début juillet : rendez-vous à la rentrée ! _ et il travaillait à la conférence de presse lançant la prochaine édition des Etats généraux.

Tout cela, nous allons le mettre en oeuvre aux côtés des associations avec lesquelles il aimait travailler. C'est un beau moyen de lui rendre hommage.

Oui, Bernard était ici lundi avec son sourire.

Ce sourire qui disait son bonheur : Marie, ses enfants.

Ce sourire qui disait son amour des autres.

Ce sourire qui disait sa confiance dans la portée de son engagement.

Ce sourire « effrontément populaire » qui ressemblait à Bobigny et qui rassemblait Bobigny.

« Effrontément populaire ». Il le fut en osant, certains s'en sont offusqués, avec l’œuvre de Di Rosa, une salle des mariages, une Marianne aussi belles que dérangeantes.

« Effrontément populaire », en osant, braver la loi lorsqu'elle portait atteinte à la dignité humaine.

Il fut ainsi le premier maire communiste à prendre un arrêté proscrivant, dans sa commune, toute expulsion locative. Il fut traîné, pour cela, devant les tribunaux de la République. Une République qui dut se trouver particulièrement honteuse à en être réduite à condamner un de ses meilleurs édiles. A condamner simplement un homme déterminé à dénoncer l'injustice. Ce combat, mené depuis avec d'autres élus permit d’affaiblir considérablement la crédibilité des maires des municipalités bourgeoises s’opposant à l’application de la règle des 20% de logements sociaux. On se souvient encore de son initiative, « un bus pour Neuilly », qui avait montré autant l’égoïsme des riches propriétaires que l’enthousiasme des citoyennes et citoyens à les bousculer.
Mercredi dernier, il était à Cachan, aux côtés des familles expulsées, dénonçant une fois encore le mal-logement et réclamant le droit à un habitat digne pour toutes et tous, un grand service public de l'habitat.

« Effrontément populaire », il refusait l'exploitation des hommes et des femmes, un monde dominé par les logiques capitalistes. Les salariés en lutte, les syndicalistes savaient pouvoir compter sur son intervention. Comme secrétaire fédéral du PCF d'abord, comme député ensuite, hier avec Eliane Assasi, sénatrice, il n'avait de cesse de porter leurs revendications et projets au plan national.

« Effrontément populaire » encore, aux côtés des élèves menacés d'expulsion, combattant infatigable contre tous les racismes.
Bernard, toujours avec la même simplicité, le même humanisme, le même bonheur d'agir était ainsi de tous les combats contre toutes les formes de domination et de discrimination qui blessent l'individu. Cet engagement communiste, il le nourrissait de son enracinement populaire, de sa soif d'un avenir meilleur, de sa tendresse et de sa lucidité sur le passé des combats ouvriers.

La clarté de ses objectifs, sa capacité à innover, son respect des autres, faisait de lui un rassembleur.

C’est en enfant de la Seine-Saint-Denis, en fils de Bobigny, qu’il avait adhéré, à 19 ans, à la jeunesse communiste, dont il était devenu un dirigeant. Ce département populaire, il l’aimait au plus profond. Il l’avait servi comme militant et comme secrétaire fédéral, responsabilité dans laquelle ses qualités humaines, ses qualités intellectuelles, ont marqué. Sa démarche, ses convictions, firent que ses camarades, les communistes, le choisirent comme un de leurs principaux dirigeants. Il était aussi, comme président des élus communistes et républicains, au service de tous les élus progressistes.

Maire de Bobigny, succédant à Georges Valbon, il avait conduit toute son action afin que les Balbyniennes et les Balbyniens puissent avoir la maîtrise directe de la gestion de leur ville et que rien ne puisse leur aliéner ce droit démocratique. Il était un précurseur. Bernard avait ainsi lancé, en 2001, une grande consultation pour construire une ville belle, solidaire, une ville partagée.

Les Balbyniens et les Balbyniennes avaient participé, avec leur vécu, leur intelligence, leur sensibilité. Bernard avait voulu qu’ils soient co-inventeurs de leur ville.

Et beaucoup l’avaient été, travaillent à concrétiser leurs rêves respectifs.

Sa ville, multicolore, terre d’accueil et d’échanges, il a toujours voulu qu'elle soit présente dans la même diversité à travers ses élus, jusqu'au Conseil général avec Abdel Sadi. Il ne l’a jamais pensée en vase clos. En travaillant cette citoyenneté locale, il travaillait aussi le rapport entre ses administrés et le monde. Il était très impliqué dans la construction, au niveau mondial, d’alternatives au règne sans partage de valeurs marchandes. Sa proximité avec le mouvement altermondialiste était connue. Il avait développé une forte coopération décentralisée.

Bobigny fut une des trois municipalités franciliennes à accueillir, en 2003, le forum social européen.

Ce respect de la parole populaire, il l’avait encore démontré en concrétisant, à Bobigny, une proposition de loi rédigée pour le Parlement des enfants, par une des classes de sa ville. Les enfants avaient souhaité qu’une infirmière officie dans chaque école du pays. A l'Assemblée nationale, il fut d'ailleurs souvent identifié comme le député des droits des enfants.

A une époque où la jeunesse, notamment celle qui grandit dans nos banlieues, est en permanence stigmatisée, décrite comme menaçante, violente, dangereuse, Bernard avait pris le parti des jeunes. Il les aidait à donner sens à leur révolte et à leur vie, à comprendre cette société dans laquelle ils se sentent, souvent légitimement, exclus. Il cherchait, toujours, à construire avec eux. Il ne lâchait jamais prise, car il ne pouvait accepter que notre société n'offre pas d’avenir à sa jeunesse.

C’est probablement ce parti pris des jeunes qui fit naître les violentes campagnes que lui et Catherine Peyge, sa première adjointe, subirent à propos de ce CD produit par des jeunes rappeurs de Bobigny. Certains à droite allèrent jusqu'à demander sa destitution. Bernard aurait pu se désolidariser, plier. Qui ne l'aurait compris ? Mais il m'en informa d'ailleurs quelques heures avant, ils décidèrent, Catherine et lui, de s'afficher aux côtés des jeunes, partageant leurs colères, parfois débordantes, parfois choquantes. Ce jour là, nous avons été nombreux à être fiers d'être du même combat, du même parti que « Bibir ».

On retiendra aussi, à tes côtés Marie, ses convictions féministes qu'il traduisit par de nombreuses initiatives, comme l'accueil de la Marche mondiale des femmes.

Cette capacité à porter les valeurs progressistes, quels que soient les contre-courants, il avait su la déployer à l'Assemblée nationale, de 1997 à 2002, comme suppléant de Jean-Claude Gayssot. Bernard fut un des députés qui batailla pour la création du PACS. Très tôt, il porta l'exigence du droit des vote des résidents étrangers.

En déposant deux propositions de loi, l’une tendant à perpétuer le souvenir du drame de l'esclavage et l’autre relative à la célébration de l'abolition de l'esclavage en France, Bernard eut une influence décisive pour faire reconnaître l’esclavage comme crime contre l‘humanité et établir un véritable devoir de mémoire.

On retiendra aussi son engagement contre la peine de mort et pour la libération de Mumia Abu Jamal, un engagement témoignant de cet humanisme chevillé au corps et de cette véritable passion pour le genre humain. Permettez-moi, de le lire, de vous lire ce qu’il écrivait, dans l’Humanité, en 2001, et qui lui ressemble tant : « Car la peine de mort n’est pas seulement une atteinte aux droits humains, c’est aussi une atteinte à l’humanité tout entière. Ce n’est pas seulement la privation d’une vie, c’est le désespoir d’une société. Un suicide moral. Un renoncement. Exécuter, ce n’est pas seulement éliminer un homme, c’est également éliminer des possibles.

Évacuer des consciences l’idée même que la vie est un parcours, l’idée même que chacun peut, à force de volonté et de dialogue, rendre son avenir - l’avenir collectif - meilleur. » Bernard, c’était aussi cela : cette aversion pour le renoncement, cette foi, irrépressible, en un autre avenir.

La disparition de Bernard est une perte immense, pour sa famille, pour la population de sa ville, pour tous les communistes et toutes celles et tous ceux qui se battent aujourd’hui pour rompre avec ce système et ouvrir, enfin, les voies du changement.

Bernard ne sera donc pas à nos côtés pour tous les combats, décisifs, qui s’annoncent. Mais je sais que son action, ses réflexions, nous accompagneront et nous aideront, encore, jusqu’au bout, à servir ce pourquoi il s’est toujours battu.
Bernard, ta générosité, ton dynamisme, tes révoltes, vont nous manquer. Mais il suffira de nous rappeler ton sourire, en cette fin d'août, tes paroles, tes projets, pour continuer sur ton chemin.

Marie-George Buffet, le 28 août 2006

Publié dans Divers

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U
jai beaucoup aprecie se maire ki nous kitte tot <br /> se ke jaime chez lui cest kan il a dit kan tu regarde tous ces politicien ki se chamaillent alors kil sont grandi ensemble cest jamais il se deplaseroont dans nos ghetto cest pour sa ke le ghetto se forge lame eternel detre puissant moi je vais vous dire cest cest lennemi de de sego ki va devenir president mais son rivale le plus aimer parse ke la france il ya comme un etat de vice ki se cache et ki dit se kil faut faire tant il ont dis pour sarko il ne pourra pas devenir president mais cette anne cest sego la presidente<br />  <br />  
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T
Cher camarade et ami Bernard<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Je viens d’apprendre ta disparition alors que je m’apprêtais à t’adresser  mes meilleurs vœux pour la nouvelle année.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Je n’oublierai jamais le jour ou à la fête de l’huma, il y quelques années,  tu m’as convié à ta table, entouré de ton équipe si dynamique.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Je n’oublierai jamais ton visage respirant l’engagement et la bonté naturelle.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Tu as su me donner le réconfort, alors qu’une lourde mission pesait sur tes épaules, moi le journaliste algérien encore traumatisé par les tueries d’un autre âge.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Tout simplement merci, Bernard, tu es avec tant d’autres, l’honneur de<br /> la France<br /> éternelle, celle de la liberté de l’égalité et de la fraternité.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Merci aussi pour tout ce que tu as fait pour mes compatriotes nombreux à Bobigny et que tu as défendu envers et contre tout dans les différents domaines.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Bernard, repose en paix, tu as bien mérité de la nation française. Puisse encore pousser sur cette terre généreuse de France de nombreux Bernard Birsinger pour poursuivre l’oeuvre pour laquelle tu as sacrifié ta vie.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Meilleurs sentiments pour ta femme et tes enfants.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> Mohamed Tchekiken<br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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J
D\\\'abord condoléances pour les siens !  J\\\'ai milité avec "Bibir" dans les années 80.<br /> Effrontément populaire, c\\\'est  affronter l\\\'impérialisme, le sionisme.<br /> Bernard Birsinger ne l\\\'a jamais été !  Bernard Birsinger a participé à tous les reniements du PCF pour le rendre \\\'euro-constructible\\\', dissoluble dans les institutions capitalistes./<br /> Gavroche jouait sa vie en allant chercher des balles contre Thiers. <br /> Barricades...Le PCF/PGE EST maintenant DU MAUVAIS COTE DE LA BARRICADE.<br /> Bernard Birsinger n\\\'a jamais connu l\\\'exploitation capitaliste. Que ses effets sur les \\\'pauvres" sur lesquels sa face de \\\'socialiste bourgeois\\\' s\\\'est penché comme l\\\'abbé Pierre et tuttti quanti.<br /> "Bibir " n\\\'a été qu\\\'un liquidateur d\\\'organisation révolutionnaire qui dit au peuple "je t\\\'aime" et que lui ôte les moyens de  s\\\'auto-organiser.<br /> Un ancien militant de la section de Bobigny Créateur d\\\'une cellule locale dans le quartier Picasso<br /> Jean-Jacques<br /> Tourjours Communiste<br />  
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